Gabon
Spotlight 25
1.Entretien

Général Eric Tristan Franck MOUSSAVOU
Directeur Général, ANAC Gabon

“Le Gabon a commencé à mettre en œuvre la Décision de Yamoussoukro en alignant ses accords aériens conformément à celle-ci. Nous avons signé le mémorandum de mise en œuvre et venons d’accéder au projet d’implémentation en suivant toutes les initiatives .”
1) Quelles ont été vos réalisations au sein de l’Autorité de l’Aviation Civile ainsi que dans le domaine de l’Aviation dans votre pays en 2023 ?
- Depuis ma prise de fonction, le 09 octobre 2023, en qualité de Directeur Général de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile du Gabon, plusieurs défis ont été relevés, notamment :
Le lancement d’une grande campagne de sensibilisation aux métiers de l’aérien sur l’ensemble du territoire national en vue de pourvoir l’aviation civile gabonaise en main d’œuvre local. Cette initiative est d’ailleurs appuyée par la signature de plusieurs accords de partenariat avec des écoles d’aviation telles que l’EAMAC et l’ERNAM, mais également avec certaines autorités d’aviation civiles africaines pour le renforcement mutuel de capacités et le partage d’expérience entre nos inspecteurs respectifs.
D’autres perspectives sont envisagées puisque nous explorons plusieurs pistes hors du continent pour la formation de jeunes bacheliers passionnés par les métiers de l’aérien.
Nous poursuivons nos efforts pour que le système d’aviation civile du Gabon soit classé parmi les meilleurs, nous visons ainsi un niveau de conformité de 80% pour la sûreté au prochain audit qui pourrait avoir lieu en 2025.
Par ailleurs, il y’a aussi la délivrance de quatre (04) Certificats de Transporteur Aérien (CTA) à de nouveaux opérateurs dont trois (03) pour le transport en hélicoptère et un pour le transport commercial en avion. Il est à souligner que c’est la première fois que l’ANAC délivre un CTA à des opérateurs économiques voulant exploiter l’hélicoptère pour du transport commercial.
Nous voulons saluer, à cette occasion, la contribution des experts de la France et de la Tunisie qui nous ont accompagnés dans l’accomplissement de ces projets.
Notre vision pour l’ANAC est d’en faire « une autorité d’aviation civile sûre et professionnelle, levier du développement du transport aérien » au Gabon et en Afrique.
C’est dans cet esprit que l’ANAC s’est engagée, depuis décembre 2021, dans une démarche d’amélioration continue en nous basant sur les préconisations de la norme internationale de système de management de la qualité ISO 9001 version 2015, en vue d’une certification que je soutiens activement.
2) Quels sont vos défis actuels et comment la CAFAC peut-elle vous assister?
Aujourd’hui, le Gabon a besoin de redynamiser son secteur aérien. A ce titre, et de façon spécifique, notre stratégie consiste à :
- poursuivre la mise en œuvre du plan d’actions correctrices entamées suite à la mission de vérification de l’OACI (ICVM) en vue de combler les déficiences identifiées en matière de sécurité avant le prochain audit de l’OACI ;
- avoir une aviation civile plus résiliente face aux situations de crise mondiale et renforcer la capacité du Gabon en matière de supervision notamment de la sécurité aérienne par le biais de l’établissement et la mise en œuvre efficace du programme national de sécurité de l’aviation civile (PNS) ;
- réhabiliter les infrastructures aéronautiques notamment par l’investissement sur la mise aux normes des aérodromes prioritaires et l’établissement de nouvelles procédures destinées à optimiser les performances du système de navigation aérienne ;
- offrir un cadre favorable au développement des activités relatives au transport aérien et améliorer la connectivité par le biais d’une stratégie à long terme pour un développement inclusif et durable du système d’aviation civile d’une manière qui soit conforme aux objectifs généraux de développement économique et social du Gabon ;
- améliorer la coordination de toutes les entités aéronautiques et celles non-aéronautiques impliquées pour un meilleur accès aux services de transport par voie aérienne ;
- doter notre pays, à l’instar de plusieurs Autorités d’aviation civile en Afrique, d’une académie de l’aviation dûment reconnue par l’OACI et TRAINAIR plus, gage de développement des compétences dans le domaine du transport par voie aérienne ; et,
- améliorer les performances de l’ANAC afin de continuer à fournir un meilleur niveau de service à la communauté aéronautique et au public.
Pour y parvenir, des actions prioritaires réalisables à court terme et nécessitant d’être mises en œuvre pour atteindre les objectifs en matière d’aviation civile ont été identifiées et transcrites dans la matrice d’action prioritaire.
A cet effet, la CAFAC peut nous assister en facilitant le financement des actions qui sont dans son champ d’intérêt : à savoir la gestion et la promotion de la sécurité de l’aviation civile en plus du développement durable du transport aérien.
3) Quels sont les actes que vous posez en perspective de l’effectivité du Marché Unique du Transport Aérien Africain (MUTAA) ?
Le Gabon s’est engagé pour la mise en œuvre totale de la Décision de Yamoussoukro (DY) et l’opérationnalisation du MUTAA.
Dans cette perspective, pour l’effectivité du MUTAA au Gabon, plusieurs actions sont entreprises pour faciliter sa mise en œuvre et garantir son succès.
Ces mesures englobent une coordination étroite avec les pays participant et la révision d’accords bilatéraux et multilatéraux à l’aune des dispositions de la Décision de Yamoussoukro. Pour ce faire, des négociations sont menées avec certains pays concernés afin de favoriser la convergence des politiques aériennes et de promouvoir l’harmonisation des réglementations.
Des accords bilatéraux et multilatéraux sont établis pour faciliter la libre circulation des aéronefs, encourager la coopération entre les autorités de l’aviation civile et éliminer les barrières réglementaires.
Par ailleurs, des efforts soutenus sont déployés pour renforcer l’infrastructure aéroportuaire, améliorer la sécurité et la sûreté des vols, et promouvoir la formation du personnel aéronautique. Ces mesures visent à créer un environnement propice à la croissance du secteur aérien dans le pays et plus largement dans la sous-région.
En outre, des mécanismes de régulation et de surveillance sont mis en place pour garantir la conformité des opérations aériennes avec les normes internationales. Cela implique la mise en place de mesures de surveillance efficaces et transparentes, ainsi que la mise en œuvre de mécanismes de suivi pour évaluer régulièrement la performance des exploitants aériens qui sont également des acteurs importants de la mise en œuvre du MUTAA et d’apporter les ajustements nécessaires.
En résumé, les actions entreprises en perspective de l’effectivité du Marché Unique du Transport Aérien Africain englobent la coordination, la négociation d’accords, l’amélioration de l’infrastructure et de la sécurité, la formation du personnel, ainsi que le renforcement des mécanismes de régulation et de surveillance.
4) Que pouvez-vous dire au sujet du SAATM PIP ?
A l’occasion du 23ème anniversaire de la Décision de Yamoussoukro, 35 Etats membres ont pris l’engagement solennel de mettre pleinement en œuvre la DY et le MUTAA et 23 États, dont le Gabon, ont signé le mémorandum d’exécution pour son opérationnalisation inconditionnelle.
Le MUTAA va permettre l’amélioration des niveaux de service aérien, renforcera la concurrence entre les itinéraires. Ce qui entraînera des tarifs plus compétitifs, stimulera le volume des trafics supplémentaires, favorisera le commerce, les investissements et d’autres secteurs de l’économie et entraînera un accroissement de la productivité et une augmentation de la croissance économique et de l’emploi, ainsi qu’une forte contribution à l’intégration africaine.
Le Gabon a commencé à mettre en œuvre la Décision de Yamoussoukro en alignant ses accords aériens conformément à celle-ci. Nous avons signé le mémorandum de mise en œuvre et venons d’accéder au projet d’implémentation en suivant toutes les initiatives.

2. Fiche descriptive
3. Les itinéraires de la 5ème liberté
Le Gabon a octroyé les droits de 5ème liberté à plusieurs Etats, parmi lesquels figurent l’Algérie, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie, le Maroc, le Rwanda, le Togo, le Congo, le Cameroun. Nous observons que ces routes peuvent varier d’une saison à une autre ou d’une année à une autre.
Sur ce point, il est opportun de souligner que le Gabon accorde de manière systématique les droits de 5ème liberté, pour autant que la procédure requise soit scrupuleusement suivie.
Cependant, il convient de noter que certaines demandes requièrent un délai plus étendu pour leur traitement, en raison des dysfonctionnements inhérents aux procédures entre Etats ou à la politique protectionniste adoptée par certains Etats qui ne respectent pas l’esprit libéral de la Décision de Yamoussoukro.
Le comportement de ces Etats nous invite effectivement à mettre en œuvre la réciprocité, afin de favoriser la résolution fructueuse de ces dossiers. Il est impératif de souligner que cette démarche vise à préserver les principes fondamentaux de la DY et à garantir une approche équitable et mutuellement bénéfique dans le cadre des relations aériennes internationales.
